La solitude post-rupture, on s'y attendait. Mais ça, on ne l'avait pas prévu… Et il vaut mieux le savoir pour réussir sa réinsertion affective.
Je ne suis plus invitée dans les dîners de couples
Notre célibat tout neuf n'est pas contagieux et, a priori, on se tient toujours correctement à table, pourtant, depuis qu'on n'est plus « Jérômédorothée », mais Dorothée tout court, les invitations se font rares. « Après ma rupture avec Thomas, ma vie sociale a changé, déplore Anaïs, 34 ans.Mes copines me proposent des “soirées entre filles”, on me convie aux grosses fêtes, auxquelles on m'incite toujours à “amener quelqu'un”… Comme si c'était gênant d'être seule. Ou comme si tout d'un coup, je ne pouvais plus supporter d'être en présence de deux personnes qui dorment dans le même lit ! » L'antidote. Glisser à nos amis que notre ex a embarqué ses livres et la télé, mais pas notre humour et notre envie de partager un bon moment avec nos potes. Ou trouver d'autres partenaires de blanquette.
Les filles ont peur que je leur pique leur mec
Il suffit qu'on rentre dans une pièce pour que les filles, même les plus fufutes, crispent la main droite façon Playmobil sur l’avant-bras de leur homme, en un réflexe de propriétaire. « Un jour, j'ai failli dire à ma copine Sophie que son mec, je n'y toucherais pas avec des gants, s'amuse Mikaela, 35 ans. Et elle n'est pas la seule dont le sourire se fige dès que je parle à leur +1. Pourtant, mon décolleté n'est ni plus rempli ni plus plongeant qu'à l'époque où je sortais avec Laurent, et les principaux concernés ne s'y intéressent pas plus qu'avant ! Bizarrement, ce sont les femmes qui associent “célibat” et “chaudasse”. » L'antidote. Un nouveau fiancé suffit en général à détendre l'atmosphère (et la poigne sur l'encolure de la chemise du conjoint). D'ici là, apprenons à ignorer ce bruit de pont-levis que l'on croit entendre dès que l'on approche d'un homme bagué.Je passe ma vie en boîte
Dommage collatéral de notre absence aux dîners de couples : notre présence en boîte, tout le week-end (du mercredi au dimanche soir). « Guillaume et moi nous sommes rencontrés à 20 ans, et avons tout de suite emménagé ensemble, raconte Chloé, 33 ans. C'est comme si notre rupture l'année dernière avait tué la jeune fille sage en moi : du jour au lendemain, je me suis mise à faire la fête avec mes copines célibataires, qui n'osaient jamais m'inviter dans leurs virées en boîte. L'avantage, c'est que je n'ai plus l'impression de passer à côté de ma jeunesse.Les inconvénients, c'est les cernes, le sentiment d'avoir 100 ans lorsque je danse au milieu de gamins qui sont habillés comme moi dans les années 90 alors qu'ils n'étaient même pas nés, et le DJ qui ne connaît pas NSync – en tout cas, la dernière fois que je lui ai demandé de passer “It's gonna me”, il m'a regardée comme si je venais de lui pisser sur le pied… » L'antidote. Se mettre à Drake, l'équivalent 2016 de Justin Timberlake, en mieux coiffé. Et calmer le rythme métro-boulot-mojito : métro-boulot-San Pellegrino, ça repose, et c'est meilleur pour le teint.
J'ai retrouvé de vieux complexes
À force de nous déshabiller devant un homme qui nous aimait et nous désirait comme on était, on avait fait la paix avec nos défauts. Or voilà que la perspective de se retrouver nue face à un quasi inconnu ravive des plaies qu'on pensait cicatrisées. « J'ai toujours détesté mes fesses, que je trouve énormes, confie Fanny, 30 ans. Max les aimait, il m'appelait sa “mini Kardashian”, ce qui m'aidait à les accepter. Je ne m'attendais pas à ce que mes complexes d'adolescente ressurgissent la première fois que j'ai fait l'amour après notre rupture : j'ai sursauté dès qu'il a glissé sa main sous ma jupe, je me tortillais comme un ver pour qu'il s'attarde le moins possible sur cette zone, et je suis restée planquée sous les draps jusqu'à ce qu'il se lève pour aller à la cuisine. Une vraie gamine ! » L'antidote. La bienveillance, vis-à-vis de nous-même d'abord, et aussi vis-à-vis de lui. Car qui nous dit qu'il ne cache pas de gros complexes derrière ses (pas si gros) muscles et son air (faussement) assuré ?Tout le monde sait ce qu'il me faut
Un nouveau mec, selon une amie. Un nouvel appart, selon une autre. Le fils du notaire, avec lequel on jouait au docteur quand on était petite, selon notre mère (« Mais non, il ne louche pas tant que ça ! »). Une nouvelle couleur de cheveux, selon notre coiffeur. Et la paix, personne n'y a pensé ? « Depuis que j'ai quitté Arnaud, mes proches me parlent comme à un poisson rouge désorienté, enrage Milla, 37 ans. Après avoir surjoué l'empathie, voilà qu'ils ont tous un avis – différent – sur les causes de ma rupture, et sur ce que je devrais faire ou ne pas faire. Alors que j'ai choisi d'être seule justement pour ne plus avoir de comptes à rendre ! » L'antidote. Changer de numéro. C'est une blague (quoique…). Ou mordre affectueusement mais fermement la main qu'on nous tend, et dont on n'a pas besoin. C'est une blague (quoique…).Je ne comprends rien à Tinder
La drague via les sites de rencontre et les applis géolocalisées, on en a entendu parler. N'empêche qu'à notre époque, on draguait en donnant son 06 : on ne swipait pas à droite ou à gauche (on ne se souvient jamais de quel côté il faut swiper, d'ailleurs). « D'après mes copines, qui passent leur vie à roucouler derrière leur écran, draguer sur les réseaux sociaux est enfantin, se désole Maria, 31 ans. Sauf que je débute, et que ma grand-mère est plus à l'aise sur Facebook que moi sur Tinder ! Ce n'est pas tant la technologie qui m'effraie que tous ces codes inventés par Cupidon pendant que j'étais en couple.Comment je peux savoir qu'il faut attendre qu'un mec qui a flashé sur moi m'envoie un message privé ? » Faut-il suivre son match sur Instagram ? Liker ses statuts ? Et si oui, faut-il ajouter un commentaire, au risque de passer pour une psychopathe ? Autant de questions qui paralysent la Padawan de la drague 2.0 que nous sommes encore quelques-unes à être sur Terre. L'antidote. Vous savez ce qu'on dit du vélo ? Tinder, c'est pareil : il paraît que c'est en tombant deux-trois fois (sur des lourds) qu'on apprend (à swiper). Ou à sourire au jeune homme qui nous regarde depuis une demi-heure à la table d'à côté : quoique rudimentaire, cette technique fonctionne toujours.
[tab] [content title="3 conseils d'un pro* pour apprivoiser"]1. Prendre son temps. C'est-à-dire, son propre temps : pas celui des autres ni des pseudo-statistiques sur le temps moyen du deuil d'une relation. Ce n'est pas la volonté qui permet de passer à autre chose, mais le temps : il faut donc lâcher prise et accepter cette période de transition, quelle qu'en soit la durée.
2. S'occuper de soi, pour restaurer la confiance en soi que la rupture ébranle nécessairement. Ce peut être une démarche thérapeutique, mais aussi, plus simplement, une activité qui nous plaît, ou dont on rêve sans avoir jamais osé franchir le pas.
3. Se tenir un peu à l'écart de son entourage, pour ne pas être submergée d'avis et de conseils qui embrouillent l'esprit plus qu'ils ne l'apaisent. La solitude et le face-à-face avec soi-même sont douloureux, mais indispensables, car c'est ainsi que l'on apprend à mieux se connaître.
* SAVERIO TOMASELLA, PSYCHANALYSTE ET AUTEUR DES « RELATIONS FUSIONNELLES » (ÉD. EYROLLES).[/content] [/tab] [right-side]