Trois mille cinq cents euros de produits de beauté et de soins personnels sont vendus dans le monde chaque seconde! Les ventes mondiales de cosmétiques se chiffrent à 110 millions d'euros par an et l'industrie des produits capillaires représente 27 % de ce joli montant. Cependant, il y a moins de 50 ans, le lavage des cheveux se faisait une fois par semaine, avec du savon traditionnel suivi d'un rinçage à l'eau vinaigrée ou citronnée pour les fortunés, pour que ça brille!
Qui parmi ceux nés au milieu du siècle dernier n'a pas craint, dans son enfance, le rituel du lavage de la crinière à cause du savon qui piquait les yeux?. Ce n'est qu’après la deuxième guerre mondiale que le shampoing moussant se démocratise, inonde littéralement les magasins et change nos habitudes.
Aujourd'hui, la plupart des produits de bain, les gels de douche, les shampoings et les revitalisants sont élaborés à partir d'un cocktail de produits chimiques, dont les plus employés sont le sodium lauryl sulfate, le sodium laureth sulfate, le sodium lauroyl sarcosinate, le sodium laureth sulfosuccinate, le disodium EDTA, les PEG (qui rendent la peau plus perméable tout en facilitant la pénétration des corps étrangers) ainsi que les très allergisants methylisothiazolinone et cocamidopropyl betaine.
Un shampoing est fabriqué à 70 % d'eau et à 15 % de tensioactifs, d'où l'importance de vérifier s'il s'agit de tensioactifs doux (glutamates) ou de tensioactifs chimiques, issus de la pétrochimie, irritants, allergènes pas ou très peu biodégradables et polluants. Les tensioactifs donnent la mousse, mais n'oubliez pas que la mousse ne fait que mousser, elle ne lave pas! La présence en excès d'un de ces ingrédients chimiques, dont le rôle est de faire mousser, peut mener à l'élimination quasi totale des gras sur la peau et sur les cheveux en provoquant la sècheresse du cuir chevelu et l'apparition de plaques ou de croûtes.
D'ailleurs, l'état du cuir chevelu, qui ne produit pas assez ou trop de sébum en donnant des cheveux gras ou secs, dépend, en grande partie, de la qualité des tensioactifs utilisés dans la fabrication du shampoing et de la fréquence des lavages. Deux à trois lavages par semaine sont largement suffisants!
Le plus grand leurre dans la bouteille demeure cependant les silicones. Sur la liste INCI, ces produits se terminent généralement par « cone » ou « xane » (dimethicone, adimethicone, cyclopentasiloxane, cyclomethicone, polysilicone-11, silicone quarternium). Ces agents filmogènes issus de la pétrochimie (paraffine) enrobent les cheveux d'une fine couche qui se colle à la fibre capillaire et y reste, même après plusieurs lavages.
Ainsi les cheveux paraissent en santé, luisants et lisses. Or, ces silicones ne réparent strictement rien. Au contraire, ils empêchent les véritables soins de pénétrer et de nourrir le cheveu! La vérité est qu'une simple cuillère à soupe d'huile d'olive pourrait faire beaucoup plus de bien à vos cheveux que toutes ces promesses publicitaires « double ou triple action » qui restaurent, renforcent, infusent, fortifient, ravivent, nourrissent, redonnent douceur et brillance à votre précieuse chevelure!
Les ingrédients ainsi dits « actifs », affichés quelque part à la queue du peloton INCI, comme des traces d'arginine, d'avocat ou de protéine de blé (mieux vaut manger un peu de pain complet, ma foi!) se trouvent dans des pourcentages en dessous de 1 %, noyés dans le parfum synthétique, des conditionneurs chimiques et des conservateurs particulièrement problématiques pour la santé et l'environnement!
Tous ces mots pompeux et pseudo-scientifiques de la « Agir expertise » avec lesquels on nous bombarde et auxquels on ne comprend que dalle ainsi que toute cette stratégie marketing qui se sert de formules sensationnelles, dignes de la magie blanche pour intimider le consommateur, ne font qu'allonger la liste des 100 000 molécules synthétiques que la chimie moderne nous a fourni en quelques décennies et qui circulent librement dans nos produits et nos salles de bain!
Enfin, pour stopper mon élan critique, je dirais que la conclusion est la suivante : si on exclut les nouveau-nés, les inconditionnels du bio, les adeptes du « no poo » et quelques territoires encore vierges, plus personne sur la planète ne possède des cheveux naturels. Des traces du shampooing risquent de se retrouver bientôt dans l'ADN du génome humain, car de toute évidence, notre dépendance aux silicones est devenue particulièrement grave.
Évidemment, la question qui se pose après tout ce râle furieux contre des produits dont les ingrédients sont reliés au cancer, à la neurotoxicose, aux allergies, au développement du foetus, à l'infertilité, aux perturbations endocriniennes ou à la pollution environnementale, est la suivante : quelles sont les solutions de rechange et existe-t-il des shampoings honnêtes?
La réponse est oui. Des produits qui jouissent d'une composition irréprochable se trouvent en vente libre, mais force est d'admettre, il existe aussi des difficultés réelles quant à la satisfaction de la clientèle. Si les soins capillaires occupent 27 % de l'industrie conventionnelle, dans celle biologique, le même secteur n'occupe que 5 %. Pourtant, la population se dit de plus en plus ouverte à l'utilisation de produits « sans produits chimiques ».
Quelles sont ces difficultés?
D'abord, certaines certifications biologiques (Ecocert et Cosmebio, NaTrue) autorisent encore l'ammonium lauryl sulfate ou le sodium lauryl sulfate ainsi que le cocamidopropyl betaine qui ont un potentiel irritant élevé. Ceci rend donc notre vie encore plus compliquée, car en principe, une certification devrait nous protéger et nous garantir un produit non seulement biologique, mais surtout sécuritaire.
Je tiens à préciser qu'il y a cependant des shampoings certifiés par ces organismes qui ne contiennent pas ces tensioactifs. Seule la certification BDIE1 n'autorise pas les ingrédients que je viens de nommer. Il faut aussi savoir que, malgré la surabondance des « shampooings naturels » sur les tablettes des boutiques et même parmi les shampoings certifiés biologiques, ceux qui jouissent d'une innocuité irréprochable sont très, très rares. Juste avant d'écrire cet article, j'ai vu, dans un magasin de produits naturels, des shampooings qui affichent, en contrevenant à la loi sur les cosmétiques, «food préservative » dans leur liste INCI ou bien « natural fragrance» sans nommer les ingrédients spécifiques qui composent la « fragrance »...
Le fait que vous l'avez payé cher, que vous l'avez acheté dans une boutique de produits naturels où le commis a été très convaincant, que le shampoing est fabriqué par une compagnie locale ou que tout simplement la marque jouit d'une bonne renommée, cela ne garantit strictement rien côté innocuité! Le même fabricant peut manufacturer des produits bons et moins bons en termes de toxicité. Selon les défis du mode de production, on certifie le produit et non la marque. « Sans sulfate », « sans parabène » ou « sans phtalate » ne garantit rien non plus. La seule chose sur laquelle on peut compter est la liste INCI du produit. Vous pouvez consulter à cet effet de nombreuses analyses de shampoings sur les sites de : EWG, Rita Stiens, Adria Vasil et Cornelia Dum.
Enfin, le défi majeur des shampoings honnêtes est la texture des cheveux après le lavage, car malgré la douceur des tensioactifs, les cheveux restent ébouriffés et mats. Il faut donc compléter avec un revitalisant ou bien avec des huiles. Je ne suis pas la seule à affirmer que l'industrie a de la difficulté à nous proposer des produits compétitifs qui remplissent leurs fonctions et qui ont des formules propres et des prix décents.
Ainsi donc, après avoir trouvé le produit honnête, il faudrait voir si l'effet obtenu est celui escompté et pour ceci, il faut l'essayer. La diversité des cheveux (longs, courts, colorés, ondulés, frisés, gras, secs, fins, etc.) et l'état du cuir chevelu vont produire une diversité de résultats, ce à quoi on ajoute notre degré personnel d'ouverture, de tolérance ou d'attachement aux critères innocuité, esthétique, santé/allergies, idéologie, conscience environnementale, etc. Je pense que, particulièrement dans le domaine des shampoings, avant de tirer des conclusions basées sur les expériences des autres, on se doit d'essayer. Seule notre exploration personnelle peut être concluante.
Pour ma part, qu'elle soit conventionnelle ou non, je vous suggère une consommation consciente, à l'abri de la désinformation et de la publicité mensongère, et je me garderai dans cet article de nommer des produits, vu la complexité de la situation. Ce sera à vous de décider quels produits vous adopterez.
Oui, il existe réellement des liens entre le plancton et notre shampoing, entre la disparition des félins et notre savon à mains et il n'y a que l'éducation qui puisse nous aider à supprimer le sentiment de séparation que nous éprouvons à l'égard d'autrui et de notre environnement. Nous avons tous le pouvoir de contribuer à un monde plus sain et plus honnête.
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